Historique du Festival Chalon dans la Rue 

1987 

La tradition d'un carnaval centenaire prédisposait sans doute la ville de Chalon à accueillir ce qui deviendrait un des deux festivals des arts de la rue les plus renommés de France.

Ajoutée à celle-ci, l'arrivée de deux artistes d'une compagnie itinérante, Jacques Quentin et Pierre Layac, unanimement connus sous les prénoms Pierre et Quentin, qui ont en tête un projet de rassemblement des artistes de la rue. 

Il n'en fallait pas plus pour qu'en cette année 1987, naisse Chalon dans la Rue. Enfin presque pas plus.

Sur le pavé, se croisent en cette année particulière, le tourisme équestre et les mordus du bitume, ceux qui depuis 1970, ambitionnent d'aller à la rencontre du public, d'être proche de lui, de réagir face à l'institution sclérosée, et de se réapproprier l'espace public.

1989

Un tournant pour Chalon dans la Rue. La place Saint Vincent devient piétonne, les terrasses de cafés s’agrandissent et le festival en profite. Un vent de scandale souffle sur Chalon. En cette année de Bicentenaire, une vraie fausse Reine d’Angleterre salue au balcon aux côtés du maire. Les couleurs britanniques flottent sur la ville mais le Théâtre de l’Unité monte un échafaud révolutionnaire. La guillotine tombe sans relâche.

1991

Les bouchers quittent l’Abattoir et la rue s’y installe. En attribuant un lieu pérenne à ce jeune festival, la ville œuvre pour un droit de cité à l'année aux arts de la rue.

1992

Le Pont de Bourgogne s’inaugure et Chalon dans la Rue grandit et dure désormais six jours, en intégrant le 14 juillet. Les ponctuations poétiques ici et là et les grands moments de violence au parc Georges Nouelle, touchent les consciences. Au Cloître, la pudeur des corps côtoie l'absurde et l’hilarité. Et le char de la Compagnie Off n’est pas en reste quand il fait une sortie en grande pompe depuis la cathédrale Saint Vincent et dans la rue.

1996

En 10 ans, le Théâtre de Rue s’est imposé, a prouvé qu’il savait aussi bien faire dans le minimalisme et créer des merveilles avec des bouts de ficelle que dans le gigantisme et construire des machines infernales. Ces artistes du vivant, de l’espace public, de l’itinérance ont définitivement conquis le public. Chalon dans la Rue s’associe au festival « Eclats » d’Aurillac pour produire la nouvelle création des 26000 Couverts, « Sens de la visite ».

1999

Royal de Luxe crée le spectacle à la carte ; c’est le hasard qui détermine l’ordre des scènes des « Petits Contes Nègres ». « Tout va bien » semble nous dire Kumulus à travers ses acteurs encastrés dans des panneaux publicitaires de ville pendant que les 26000 Couverts, eux, prennent en otage leur public lors de « Direct ». 

2003

Chalon dans la Rue devient un lieu d’expression et un espace d’action. Après des positions divisées sur le oui ou non de la grève totale, les artistes choisissent l’Occupation Artistique. Espoir, colère, mise à nu, Chalon et le perron de l’Hôtel de Ville font la Une de la presse nationale. Le mouvement trouve un large écho auprès d’un public sensible et solidaire.

2004

Pedro Garcia arrive à la tête du festival. En  défricheur des temps présents, il développe les expériences multimédias et les installations plastiques. 
Chalon dans la rue est devenu un enjeu fort pour les compagnies et l’on cherche à les accompagner. La sélection Auteur d’Espace est créée avec la SACD. 
En dépit des événements douloureux de 2003, le public a confirmé sa fidélité. La fréquentation du public étranger et des professionnels augmente. 

2005 

L'Abattoir est labellisé Centre National des Arts de la Rue à l'instar de 9 autres structures sur le territoire français. 

2006

20 ans ! Le temps des souvenirs et des émotions passés. Les compagnies historiques du théâtre de rue se donnent rendez-vous sous l’égide du Théâtre de l’Unité. A deux pas du centre ville, à même la Saône, une installation flotte. Accompagnée le long de la rive, d’un musée éphémère des arts de la rue, spécialement conçu à cette occasion. Une impressionnante collection artistique des éditions précédentes. 

2009

Avec « Les Studios de Cirque de Marseille » les anges sont passés sur la Place de l’Hôtel de Ville déversant une tonne de plume sur des milliers de festivaliers en plein rêve éveillé… Une édition très danse et dense que celle de 2009 ! Des miniatures de Pernette au gigantisme de Générik Vapeur, de l’expérience intime avec Ici-Même [Grenoble] à l’affichage public revendicatif de KompleXKapharnaüM. L’édition 2009 restera celle de la pluridisciplinarité des arts de la rue et celle  d’un rêve devenu réalité…

2011

25e édition ! Le festival transnational des arts de la rue s’ancre dans la société, en lien étroit avec l’actualité. La programmation propose des artistes emblématiques au plus près des préoccupations sociales. Les arts de la rue proposent des spectacles en résonance avec l’actualité du monde et l’avenir de la planète. Cette édition accorde une grande place à l’image qui s’invite dans les écritures des projets du IN. 

2013

Le festival transnational des arts de la rue se parcourt le nez en l’air. Les artistes donnent leurs rendez-vous au bout d’une grue, sur un fil, dans un arbre, le long des façades ou bien encore dans le ciel... Une ville et des arts vivants vus d’une autre perspective.
4 nouvelles structures dédiées aux arts de la rue accèdent au label CNAR. 

2014

Cette édition sera marquée par la crise des intermittents, de mouvements de grève au cours du festival. Avec 1255 représentations programmées, ces grèves n’auront pas permis de maintenir l’intégralité des représentations, principalement le premier jour.
Aurélie Filippetti lance le 16 avril 2014 la Mission Nationale pour l’Art et la Culture dans l’Espace Public.

2017 - Une ère nouvelle 

Arrivée du tandem Pierre Duforeau et Bruno Alvergnat à la tête du CNAREP et du Festival Chalon dans la Rue.
Une page blanche en guise d'affiche, l'audacieux binôme entend donner un nouvel élan aux Pôle des arts de la rue... Le projet repose sur une relation forte et renouvelée au territoire et une approche transversale de la création en espace public. Objectif : faire tomber les frontières entre disciplines artistiques, mais aussi entre création et société. C'est le temps des expérimentations !
Les CNAR deviennent CNAREP (Centre National d’Art de la Rue et de l’Espace Public).

2018

Les appellations In et Off laissent place aux Rubriques et Sélection Officielles.
Deux nouveaux espaces voient le jour sur le festival, La Place des Publics et l'Espace des tentatives. 
Un sous-titre donne une coloration à l’année. Un thème est exploré à travers des interventions artistiques mais aussi des rencontres, des conférences, des ateliers, des projets avec les habitants et donne lieu à une restitution finale lors du festival. 

2020

Pour la première fois dans la vie des chalonnais, le festival est annulé pour cause de pandémie de Covid. Il sera remplacé par les Rendez-vous d’automne. 3 week-ends de spectacles d’août à octobre dont le dernier temps sera annulé la veille en raison du contexte sanitaire. Ces rendez-vous expérimentent une nouvelle forme de festival et de relation aux spectateurs, plus intime. 

2021       

Le festival Chalon dans la Rue 2021 aura été pour les uns, le festival des barrières, pour d'autres, celui du pass sanitaire néanmoins il aura été pour tous le seul festival des arts de la rue qui ait existé en cette année si éprouvante.

La caractéristique d'épreuve n'est cependant pas la seule que l'on puisse formuler à l'endroit du festival 2021, car contre toute attente, il y avait dans ces retrouvailles si controversées, un vrai engagement des publics et des artistes présents.

Engagement d'une équipe d'organisation qui a su s'adapter au fil de l'eau et des décisions gouvernementales de dernière minute. Exiger un pass sanitaire pour les spectateurs une semaine avant le début d'une telle manifestation relevant en effet de l'exploit.

Mais excepté toutes ces contraintes, ce festival aura porté les choix d'une direction impliquée et soucieuse de relever le défi de l'urgence pour la profession.

On l'aura compris, l'édition 2021 aura été l'objet de nombreuses critiques, mais elle aura porté après un an d'absence, des projets ambitieux et généreux, la voix de femmes artistes et celles de femmes citoyennes, jeunes puis moins jeunes, des histoires nouées sur le territoire et reliées par le numérique, des préoccupations contemporaines sociétales. Il aura inauguré un autre espace L'Aube de la Création pour les spectacles en maturation, et, pour toutes ces raisons, il sera longtemps inscrit dans l'histoire des arts de la rue à Chalon.